Les Visions de Madame White Expliquées

Il est facile d’être séduit par les histoires spectaculaire du surnaturel. Aux premiers jours de l'adventisme, il était courant pour la jeune Ellen White de tomber à terre et d'être emporté "en vision". De fait, tel événement serait inouï de nos jours dans des églises adventistes, toutefois de telles situations étaient fréquentes tant chez les Adventistes que dans quelques églises non-adventistes du milieu XIXe siècle. Pour bien comprendre les visions de Madame White, nous devons bien cerner l'environnement dans lequel elles sont arrivées.

Une ère de ferveur religieuse

A cette époque, la ferveur religieuse allait bon train ; nombre de prophètes et visionnaires entraient en transes et avaient des visions pendant les scéances religieuses tant adventistes que non-adventistes. Le pasteur adventiste Isaac Wellcome a écrit que des visions similaires à celles d’Ellen White étaient "courantes parmi les Méthodistes,"1 l’Eglise dans laquelle Madame White avait grandi. Durant leurs réunions, il était habituel aux adventistes des premiers temps d’avoir la présence d’un ou plusieurs "visionnaires" ; c’était une époque où abondaient toutes sortes de prophètes.

Les assemblées adventistes durant les premières années offraient des scènes d’intense exaltation religieuse ; l’enthousiasme affiché dans les réunions tenues chez Israel Dammon en 1846, fournit un exemple bien documenté de l'atmosphère chargée des premières réunions. En étudiant cet événement et autres réunions des débuts, nous comprenons que ces rencontres pouvaient être qualifiées au mieux de typiquement charismatique : chants à tue-tête, cris, guérisons par la foi, rires saints, épisodiquement parler en langues, adeptes tombant au sol "vaincus par l'esprit". Ces "tués en esprit" pouvaient parfois se lever pour relater une vision, ou donner un message ou un mot de la part de Dieu.

Ellen White rapportait dans ses lettres personnelles, les détails de chacun des rencontres. Voici une réunion qu’elle décrit ...

"Frère et Soeur Ralph étaient tous deux allongés à terre, prostrés et sans force pendant quelque temps ... Tandis que j’étais en vision, le docteur vint, et entendant les cris dans la vision, il ne voulut pas entrer." (Lettre 1, 1848)

Le témoignage des manifestations physiques complexes dans les visions d’Ellen White, indique qu’elles n’étaient pas substantiellement différentes des manifestations des autres visionnaires de cette époque. La prophétesse Sarah Richards perdait [dit-on] conscience quand elle entrait en vision, et ensuite se couchait sur le sol, "immobile et apparemment sans vie" jusqu'à ce qu'elle se lève pour délivrer son message.2 Dans les communautés de Shaker, il n'était pas rare que de jeunes filles s'évanouissent et se retrouvent à terre, allongées comme mortes, jusqu'à ce qu'elles se relèvent et "parlent avec grande clarté et maîtrise de soi"."3

Les visions s’évanouissent quand décroît l’exaltation religieuse

Progressivement, dans les années 1850 et 1860, le fanatisme religieux commença à décroître parmi les adventistes ; un environnement plus tempéré prévalut dans les églises. Et comme on pouvait s'y attendre, dans les années 1860, Madame White eut alors de jour, moins de visions spectaculaires, et les visions cessèrent totalement dans les années 1870.

James White en 1868, estima qu’Ellen avait reçu entre 100 et 200 visions, et constatait qu’elles "devenaient moins fréquentes" ces dernières années.5 Un examen des rapports historiques de ses visions montre que Mme White fut sujette à approximativement seulement douze visions dans les années 1860, et trois pendant les années 1870 ; elle n'eut aucune vision en stade éveillé après les années 1870. Dans le même temps, les réunions adventistes devenaient plus posées, cris et autres activités charismatiques s'effaçaient, et l'excitation religieuse déclinait. Quand l'excitation religieuse disparut, disparurent aussi les visions éveillées d'Ellen White.

De façon intéressante, après qu’aient cessé les visions de Madame White dans les années 1870, les adventistes commençèrent à dénier la validité des autres visionnaires. Par exemple le prophète William Foy fut décrit par l’historien adventiste J.N. Loughborough, comme un homme ayant failli dans sa mission de révéler ses visions, ce pourquoi il mourut peu de temps après ; ceci bien-sûr était notoirement faux.4 Dans les années 1860, des leaders adventistes dénigrèrent les visions des autres ; en 1862, avec l’approbation de James White, M.E. Cornell publia un pamphlet racontant les visions de divers chrétiens, tel que William Tennet, et en fournissant des citations de responsables de diverses églises, tel que John Wesley favorable aux visions ; un traité de Cornell fut réimprimé pour la dernière fois en 1875. Ainsi, quand Madame White cessa d’avoir des visions publiques, l’adventisme graduellement commença de voir moins favorablement les visions des autres.

Visions remplacées par des rêves

Comme les visions en état éveillé cessaient, Madame White commença à se référer à ses révélations en tant que "songes" qu’elle recevait la nuit.6 De façon assez intéressante, les premiers adventistes classifièrent les songes comme moins fiables que les visions :

"Rêves et visions sont loin de constituer une source de communication fiable. En visions, la personne toute entière -physique et mental- est sous contrôle total d'un pouvoir qui la dépasse ; ce qui donc est communiqué vient en réalité de celui qui contrôle la personne. Dans les rêves nous sommes davantage susceptibles d'être influencés par nos pensées du jour, ainsi que par les circonstances externes, et influences qui nous entourent. En conséquence, de par leur nature, et par diverses sources, nous ne pouvons nous appuyer sur des rêves avec cette certitude que nous pourrions avoir avec des visions."7

Quelle était la cause des visions?

Il y a encore débat parmi Adventistes et non-adventistes pour savoir ce qui provoquait les visions chez Ellen White ; les théories soutenues sont :

  1. Visions venant de Dieu Certains adventistes traditionnels tiennent encore la croyance que les visions étaient des révélations surnaturelles venant de Dieu.
  2. Visions étaient des hallucinations causées par des problèmes de santé Cette théorie fut avancée en premier par D.M. Canright, qui attribua les visions à de l’Hystérie et de la Catalepsie. Plus tard, cette théorie gagnait substantiellement en crédibilité, avec la publication par le Docteur Molleurus Couperus d’un article intitulé La Signification (importance) de la Blessure d’Ellen White à la Tête (en Anglais).
  3. Visions dûes à des phénomènes psychologiques Cette théorie construite sur la preuve que certains évènements très émotionnels, telles des assemblées religieuses où règne une ambiance intense, peuvent déclencher chez certains individus, des états de conscience altérée, comme des transes. Les Docteurs Janet et Ronald Numbers ont avancé l’idée que des facteurs psychologiques ont contribué aux visions de Madame White.
  4. Visions venant de Satan – Plutôt que de chercher longuement à expliquer les phénomènes associés à ses visions, cette théorie soutient que les visions étaient surnaturelles. Toutefois, les avocats de cette théorie disent que les experiences d’Ellen White sont similaires par nature aux expériences complexes des spirites en communication avec les mauvais esprits.

Tandis que nous ne pourrons jamais clore le débat sur l’origine de ses visions, un fait demeure au-delà de la controverse : le plus souvent, les visions étaient en relation avec la ferveur religieuse succédant au désappointement de 1844, et graduellement elles ont baissé en fréquence, à mesure que l’exaltation (excitation) religieuse s’atténuait. Aussi, quand les services religieux devinrent plus calmes et ordonnés, les visions cessèrent entièrement.

Citations

1. Isaac Wellcome, History of the Second Advent Message.

2. Herbert A. Wisbey, Jr., Pioneer Prophetess, Jemima Wilkinson, The Public Universal Friend, (Ithica, New York, 1964), p. 63.

3. The People Called Shakers, p. 153.

4. We now know this to be false. There is no evidence Foy "failed" in his mission. He also lived nearly 50 years after he published his visions. For more details, click here.

5. James White, Life Incidents, p. 272.

6. Letter 15, 1878; letter 1, 1880; letter 10, 1885.

7. David Arnold, "Dreams and Visions", Review and Herald, Feb. 28, 1856.

Category: Visions Examinées
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