Ellen White et la Phrénologie

Introduction à la phrénologie¹

La phrénologie était la "science" de l'esprit humain développée par deux médecins allemands, Franz Joseph Gall (1758-1828) et son disciple, Johann Spurzheim (1776-1832) ; elle fut apportée aux Etats-Unis dans les années 1830 par Spurzheim et George Combe, un écossais convaincu,. Selon cette théorie, le cerveau humain était constitué d'un certain nombre "d'organes" correspondant chacun à une "faculté" mentale, commandant le sentiment amoureux, la possessivité ou le désir de procréation. Les organes gouvernant les propensions "animales" de l'homme étaient localisés en parties arrière et inférieure de la tête, tandis que les organes de l'intellect et de la raison occupaient la région frontale. Dès lors toute vigueur relative à quelque tendance, pouvait être déterminée en mesurant les dimensions de ces organes, et il n'était pas difficile pour les initiés, de "lire" le caractère d'une personne en examinant soigneusement son crâne.

L'étonnante popularité de la phrénologie pendant les années 1840 et 1850 fut dans une large mesure, l'œuvre de ses deux grands officiants américains, Orson Squire Fowler, et son frère Lorenzo. Depuis leur siège social établi à Clinton Hall dans New York City, les frères Fowler créèrent un empire de la phrénologie qu'ils réussirent à introduire dans chaque segment de la société américaine. Chaque mois, 20 000 familles se plongeaient dans leur Journal américain de phrénologie. Au fil des ans, des liens étroits se nouèrent entre les dirigeants phrénologistes et les réformateurs de santé. En mai 1850, Clinton Hall fut le cadre d'un meeting organisé par l'American Vegetarian Society. Végétariens, phrénologistes, docteurs en cures d'eau, militants anti-tabac, anti-corset, ou partisans de la tempérance, croisaient si souvent les mêmes circuits qu'ils finirent par se considérer comme participants d'un seul et même mouvement de réforme.

Phrénologie comme charlatanisme

La phrénologie apparut comme une discipline médicale apparemment scientifique... mais ses applications faciles pratiquées par des spécialistes auto-didactes, eurent rapidement pour effet d'être pratiquée par des charlatans à des fins d'exploitation commerciale de personnes crédules, très semblable à l'astrologie, lecture de paume des mains, tarot, et autres approches ésotériques similaires. Des "Salons de Phrénologie" apparurent partout en Europe et aux USA, dans les beaux jours de ce mouvement entre 1820 et 1842. Les gens se servaient du conseil des phrénologistes pour tout, pour embaucher des employés, pour trouver un partenaire en vue de mariage, pour diagnostiquer des maladies mentales, ou l'origine d'afflictions psychologiques.

Les phrénologistes itinérants étaient aussi courants à cette époque ; ils rôdaient dans l'arrière-pays en portant un tableau portatif, ou un buste avec des cartes imaginées par Gall et ses partisans ; ils pouvaient exposer les merveilles de la phrénologie devant une assemblée de spectateurs crédules. Après quoi il pouvait diagnostiquer et conseiller ceux qui s'y risquaient, et qui étaient consentant à payer ses modestes honoraires.

Finalement la phrénologie a achevé sa course dans les poubelles de l'histore médicale. La phrénologie équvalait à d'autres formes de charlatanisme, principalement dues à des abus, de la part d'entrepreneurs commerciaux douteux. La phrénologie disparut dans le dernier quart du dix-neuvième siècle.

Madame White dénonce la phrénologie

Madame White dénonçait la phrénologie dans un témoignage de 1862 :

Les sciences de phrénologie, psychologie, et mesmérisme, sont les canaux à travers lesquels il [Satan] vient plus directement vers cette génération et oeuvre avec ce pouvoir qui caractérise ses efforts, alors que s'achève le temps de probation.

Phrénologie et mesmérisme sont excessivement exaltés ; ils jouent un rôle valable, mais sont investis par Satan et ses agents les plus puissants pour tromper et détruire les âmes. Ses techniques et formules sont accueillies comme venues du Ciel ; et confiants dans le praticien détecteur, la Bible est détruite dans l'esprit de milliers de gens. Satan reçoit ici le culte qui revient à sa majesté satanique ; des milliers parlent de cela, et reçoivent instructions de ce dieu-démon en agissant selon ses enseignements. Le monde qui est supposé tirer bénéfice de la phrénologie et du magnétisme charnel, n'a jamais été autant corrompu. Satan se sert de ces choses pour détruire la vertu, et poser les fondements du spiritisme.

Je fus dirigée vers la Sainte Ecriture en me penchant particulièrement sur le spiritisme moderne, dans Colossiens 2:8 : "Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ". On m'a montré que des milliers de gens ont été corrompus par la philosophie de la phrénologie et du magnétisme charnel, et ont été conduits à l'infidelité. Si l'esprit commence à prendre ce chemin, il est presque certain d'y perdre son équilibre, et d'être contrôlé par un démon.³

Au camp-meeting de 1893 en Nouvelle Zélande, Madame White décrit la manière dont les gens la sollicitaient pour parler des dangers de la phrénologie qu'elle prétendait avoir vue en vision :

Le pasteur Mc Cullagh prêcha dans la soirée, et au cours de son sermon, parla des mauvais effets de l'étude de la science de la phrénologie, et de l'installation de sa dépendance. Il montra que ses tendances conduisait l'homme à sous-estimer la puissance de la grâce de Dieu, et à placer si haut, l'appréciation de leur propre jugement. Certains qui avaient consacré beaucoup de temps à l'étude de la phrénologie, et placé grande confiance en elle, furent offensés, et discourèrent ouvertement contre ce qui avait été dit. Un assez grand nombre exprimèrent leur intérêt pour la phrénologie, et leur désir de savoir en quoi son étude était préjudiciable. Après le petit déjeuner, le programme habituel prévu pour la matinée fut suspendu, et j'ai présenté aux gens quelques-uns de ses dangers, comme ils m'ont été montrés avant ma venue dans cette région.⁴

Madame White pratiquait-elle ce qu’elle prêchait sur la phrénologie?

En 1864, les Whites visitèrent l'institut de réforme sanitaire du Docteur Jackson à Dansville, New York. Madame White amena ses fils Edson et Wille au Docteur Jackson pour examens de phrénologie (pour lesquels le Dr. Jackson fit payer cinq dollars chaque scéance). Elle fit part à quelques amis proches avec lesquels elle partageait relation, des découvertes flatteuses du docteur :

"Je pense que le Docteur Jackson fait un diagnostic correct de l'organisme et des dispositions de nos enfants. Il a déclaré que la tête de Willie était la meilleure qu'il ait jamais trouvée durant ses observations. Il a fait bonne description du caractère d'Edson et de ses particularités. Je pense que cet examen aura de la valeur en tout point pour Edson"⁵

Evidemment Madame White se sentait à l'abri de la puissance contre laquelle elle avait mis en garde juste deux ans auparavant, comme étant "le plus puissant agent de tromperie et destruction des âmes." Lorsque James était bien portant, elle disait combien "grandes et actives" étaient sa "prudence, conscience, et bienveillance". Elle notait que celles-ci avaient "été des bénédictions particulières en le qualifiant pour sa carrière commerciale". Pourtant, durant sa maladie, ces "développements particuliers qui lui furent en bénédiction pour sa santé, constituèrent malheureusement un facteur d'excitation, et un obstacle à son rétablissement."⁶

Par la suite, elle incorpora certains des enseignements "dangereux et trompeurs" de la science phrénologique, dans ses écrits sur la santé.

Madame White enseigne les absurdités de la phrénologie

Selon la "science" de la phrénologie, les organes charnels (de la sexualité) étaient localisés dans le cerveau, en parties arrière et inférieure de la tête, tandis que les organes de l'intellect et du sentiment occupaient la région frontale. Chauffer l'arrière de la tête était supposé provoquer un afflux de sang dans cette zone, et censer stimuler les passions sexuelles. En conséquence, Madame White s'élevait contre l'usage des perruques par ses partisans :

Les cheveux artificiels et coussinets couvrant la base du cervau, échauffent et excitent les nerfs spinaux situés au centre du cerveau. La tête devrait même être maintenue au frais ; la chaleur causée par ces recouvrants artificiels, amène du sang au cerveau ; l'action du sang sur la partie basse du cerveau où se situent les organes charnels, cause une activité anormale, tend à susciter de l'impulsivité morale, et le cœur et l'esprit sont en danger de se corrompre.⁷

Citations

1. Cette section a été extraite de : Ronald Numbers, PhD, Prophetess of Health, pp. 67-70.
2. Cette section a été extraite de : Phrenology, the History of Brain Localization par Renato M.E. Sabbatini, PhD, dans Brain & Mind, mars 1997.
3. Ellen White, Testimonies, vol. 1, p. 290, 296-297.
4. Ellen White, Review and Herald, 6 Juin 1893.
5. Ellen White aux frère et soeur Lockwood, 14 Sept. 1864, de la clinique Jackson à Dansville, New York, L-6-1864, White Estate, cité dans Dr. Ronald Numbers, Prophetess of Health.
6. Ellen White, "Our Late Experience," Review and Herald, 27 fév. 1866; James White à Ira Abbey, 27 juin 1873.
7. Ellen White, Healthful Living, 1897, p. 185.