Loi Nationale du Dimanche - Fait ou Fiction?

Chapitre 1

Origines de la Loi Nationale du Dimanche


Pour comprendre l'origine de la Loi nationale du dimanche, il faut remonter au début des années 1840 ; c'était une époque de grande ferveur religieuse dans le nord-est des Etats-Unis ; la raison de cette excitation était la seconde venue espérée proche de Jésus. Un fermier reconverti en prêcheur, nommé William Miller, commença de sonner l'alarme dans des communautés locales disant que selon ses calculs bibliques, le retour du Christ était imminent. Comme la popularité de Miller croissait, d'autres revivalistes prêchant la fin des temps en profitèrent pour se joindre au mouvement. Quoique Miller et ses associés subirent un sérieux revers quand Christ manqua de revenir en 1843, il fut rapidement découvert qu'une "erreur" avait été commise dans les calculs de Miller. Une nouvelle date fixée au 22 octobre 1844 fut finalement arrêtée par les partisans de Miller ; et les leaders du mouvement visitèrent églises et communautés locales, essayant une fois encore d'émouvoir les gens en les avertissant du retour imminent du Christ.

Tandis que la plupart des chrétiens et des étudiants sérieux de la Bible, congédiaient Miller comme fanatique dénué de discernement, certains furent impressionnés par ses "preuves" soi-disant bibliques qu'ils cherchaient à connaître, savoir si la Bible avait bien donné une date de retour du Christ. Des chrétiens commencèrent à convoquer des biblistes pour examiner les "preuves" de Miller, et déterminer si elles étaient effectivement exactes. Des érudits familiers des prophéties et des langues originelles de la Bible examinèrent quinze "preuves" de Miller, et les trouvèrent fatalement défectueuses ; ils mirent en évidence les nombreuses prophéties bibliques non accomplies, comme preuve que le retour du Christ n'était pas encore imminent. Ils expliquèrent comment Miller se tenait en terrain dangereux en ignorant l'instruction formelle du Christ, que nul ne connaît le Jour de son retour (Matthieu 25:13).

Des pasteurs soucieux commencèrent à mettre en garde leurs ouailles de la tromperie et de la falsification des enseignements de Miller. Comme des chrétiens étaient avertis des erreurs de Miller, les églises commencèrent à lui fermer la porte. Des accusations ne tardèrent pas à voler entre les deux groupes, et à se développer un antagonisme. Quelques millérites fanatiques, membres des grandes églises, occasionnèrent une telle nuisance qu'ils furent expulsés de leur congrégation, créant une animosité des deux côtés à la fois.

Les Millérites étaient raillés, objets de satires, ridiculisés, et anathématisés. Des voyous lâchèrent des cochons enduits de graisse dans leur camp-meeting au milieu de la foule, renversant les tentes sur eux. A mesure que l'Heure attendue approchait, souvent agressifs, les millérites attaquaient les églises et le clergé. Charles Fitch accroissait le niveau d'animosité par ses écrits :

Si vous êtes Chrétien, sortez de Babylone. Si vous êtes résolu à être trouvé Chrétien quand Christ apparaîtra, sortez de Babylone, et sortez maintenant ... (Les Désappointés, p. 197)

Quand des érudits en Bible exposèrent les erreurs dans les preuves de Miller, la tendance s'inversa contre lui et ses enseignements fanatiques. Des Pasteurs furent si convaincants en exposant les failles des enseignements de Miller, que le mouvement commença de perdre son élan. Les efforts de Miller pour conquérir nouveaux adhérents à sa doctrine furent ainsi mis à l'échec, et lui et ses associés réagirent avec colère. Ils traitèrent les églises chrétiennes de "Babylone tombée", les accusant de ne pas désirer le retour du Christ ; alors ils démarchèrent les paroissiens en tenant des groupes de maison et en louant des salles. Une grande animosité se forma entre les deux groupes qui hostiles de chaque côté, se renvoyaient le blâme.

Comme la date du retour du Christ approchait, beaucoup de Millérites vendirent leurs fermes et leurs affaires, et engagèrent leurs économies de toute une vie avec Miller et ses associés, pour diffuser le message du proche retour du Christ. Au 22 octobre 1844, le mouvement était parvenu à engranger près de 50 000 adeptes, presque tous du nord-est des Etats-Unis. Comme avec tous les mouvements fanatiques, ce mouvement semblait détenir un pouvoir spécial d'attraction auprès des gens sans instruction, les jeunes, et ceux enclins à suivre la dernière exaltation religieuse du jour.

Quand la date fatidique du 22 octobre 1844 passa sans que rien n'arrive, les disciples de Miller furent sévèrement désappointés. Beaucoup étaient ruinés ou souffraient de perte financière, ils avaient vendu leurs moyens de subsistance, maintenant ils étaient pauvres, dénués et misérables. Certains furent si dévastés qu'ils en vinrent au suicide ; le mouvement se désagrégeait et Miller finalement, admis qu'il s'était trompé. Ses partisans petit à petit, commencèrent à retourner dans leurs anciennes églises ; cependant ils étaient un petit groupe qui refusa d'y retourner pour diverses raisons. Certains n'étaient pas prêts à avaler leur orgueil, et revenir dans des églises qu'ils avaient condamnées depuis peu comme synagogues de Satan. D'autres ne désiraient pas affronter la censure et les réprimandes de leurs anciens frères. Ces gens commencèrent à former leurs propres églises qui par la suite, furent connues sous le nom d'églises adventistes.

La rupture entre "Adventistes" et "non-Adventistes" pourrait constituer le fondement sur lequel l'enseignement d'une loi du dimanche a pu par la suite se construire. Après le désappointement, les "Adventistes" avaient besoin d'un thème par lequel ils pouvaient se différencier des autres chrétiens qu'ils assimilaient à Babylone. C'est ici que Joseph Bates débuta l'histoire Adventiste et développa une doctrine qui par la suite, devait conduire à l'enseignement d'une Loi Nationale du dimanche.

Joseph Bates, Père de la « Loi du dimanche »

Un petit groupe d'Adventistes était mené par le capitaine Joseph Bates. Bates se sentait embarrassé pour expliquer le grand désappointement de 1844, aussi commença t-il d'étudier les prophéties de la Bible. N'ayant pas été formé sur les principes de l'interprétation biblique, Bates fit une approche différente de la plupart des enseignants protestants de la Bible. Par exemple, Bates pris des passages non-prophétiques de l'Ancien Testament, et "découvrit" dans ces passages des prophéties de fin des temps. Il supposa aussi que le livre de l'Apocalypse était dévoilé à travers les évènements du mouvement Millérite.

Après avoir étudié avec une Baptiste du Septième jour, une femme dénommée Rachel Oakes, Bates découvrit que le vrai jour de culte était le samedi, et non pas le dimanche. Finalement, il avait découvert la raison qui avait séparé les Adventistes des autres églises chrétiennes ; ils avaient été séparés pour qu'ils puissent accepter l'enseignement du Sabbat des Baptistes du Septième jour.

Joseph Bates et la Porte Fermée

En 1845 les Adventistes commencèrent à se morceler en groupes séparés, et un de ces groupes fut connu comme les "Adventistes de la Porte fermée". Ce groupe devait plus tard, se développer dans l'église Adventiste du Septième Jour. Joseph Bates était un leader parmi "Adventistes de la Porte fermée". Il croyait que la porte du salut était fermée à tous ceux qui avaient rejeté les enseignements de 1844 de William Miller. En 1847 Bates publia un livre dans lequel il citait Miller :

"Nous avons accompli notre travail en avertissant les pécheurs et en tentant de réveiller une église sécularisée. Dieu dans sa providence, a fermé la porte. Nous pouvons seulement émouvoir l'un et l'autre à être patient. Jamais depuis les Apôtres, il n'y eut une telle ligne de division, comme celle qui fut tracée les 10e ou 23e jour du 7e mois juif. Depuis ce temps ils disent "ils n'ont pas confiance en nous". Nous avons besoin maintenant de patience après que nous ayons fait la volonté de Dieu, que nous pouvons recevoir la promesse, car Il dit: "Je viens bientôt, pour rendre à chacun selon son œuvre" William Miller – Voix de la vérité, 11 décembre 1844, cité dans Second Advent Waymarks and High Heaps, p.86.

Quoique même Miller plus tard, répudia cette croyance, Bates continua à soutenir qu'il y avait une ligne de séparation tracée entre adventistes et non-adventistes. Il croyait que les Adventistes étaient les seuls à pouvoir être sauvés, et que la Porte du salut avait été fermée aux églises chrétiennes qui avaient rejeté Miller. Bates regarda les "églises institutionnelles" comme faisant partie de Babylone :

Et à la fin, le cri retentit dans les églises protestantes : "Sortez d'elles, mon peuple". Quelle est la réponse maintenant ? : des milliers et des milliers rompent leurs liens et sortent avec la pleine conviction que ce cri retentissant est pour eux ; les églises qu'ils ont quittées sont la Babylone tombée parce qu'elles ont rejeté le message qui précédait ceci : "L'heure du jugement est venue". Les oppositions qu'ils ont dressées contre ce message de la seconde venue, les ont laissés désert, Dieu les a laissés dans leur propre confusion... La doctrine de l'Avent était la dernière, couronnant l’épreuve que Dieu Lui-même soumit à son peuple, en lui demandant de sortir et de se séparer de tous les impies incrédules. Ibid., p.69, 70.

La grande animosité de Bates contre le courant principal des églises protestantes est évidente ; quand il utilisait des termes dérisoires tels que "désolé", "confusion", et "impie" pour les décrire. De façon étonnante, Bates accusait les églises protestantes d'être Babylone, simplement parce qu'elles rejetaient un message que Miller, l'auteur lui-même, avait admis être faux ! Au fond, Bates prétendait que les églises protestantes étaient perdues parce qu'elles rejetaient un faux enseignement !

Bates soutenait que le travail des chrétiens en faveur des 'âmes perdues' avait pris fin en 1844, et il avait cessé tout effort personnel à 'sauver' des âmes :

Puis ici bien sûr, prirent fin les 2300 jours de la vision, parce qu'il y a un délai après. N'oubliez pas ceci non plus : "Au temps fixé viendra la fin". Ici aussi s'est achevé notre dernier travail d'avertissement au monde ; et notre labeur a cessé. Pourquoi ? Parce que les messages ont cessé, et nous ont complètement dénués de travail. Et c'était le silence dans le Ciel, l'espace d'une demie heure, une semaine entière ou sept jours. Ici nous disons que notre glorieux Grand Prêtre commença la purification du sanctuaire, et "reçut son royaume, domination, et gloire", "La Nouvelle Jérusalem". Ibid, p. 84.

En 1847, quand Bates écrivit ce livre, il croyait que le peuple Adventiste était au milieu de la période "sept jours" qu'il croyait être une période de sept ans durant laquelle Dieu devait "tester" le peuple Adventiste, ceux qui avaient pris part au mouvement de 1844. Comment Bates parvint-il à cette période de sept ans ? A partir d'un passage non-prophétique de Lévitique 17. Voici comment il le décrit dans son livre :

Les sept gouttes de sang sur l'Autel d'or, et avant la miséricorde, -je le crois pleinement- représentent la durée du Jugement investigatif des saints vivants, dans le lieu Très Saint ; tous en ce temps seront dans l'affliction pendant sept ans. Dieu par sa voix, les délivrera, 'car c'est le sang qui procure l'expiation des âmes' (Lév. 17:11). Alors le nombre sept achèvera le jour des Expiations (non la Rédemption).
(The Typical and Anti-typical Sanctuary, pp. 10-13.)

Selon Bates, durant ces 7 ans, de 1844 à 1851, Dieu entendait "tester" les Adventistes pour déterminer ceux qui accepteraient les enseignements du Sabbat des Baptistes du Septième Jour.

...ce message pressait le peuple de Dieu à tester sa sincérité et honnêteté en la totalité de la parole de Dieu ...
 Second Advent Waymarks and High Heaps, p.114.

Au point culminant de cette période de sept ans, en 1851, Christ devait revenir sur terre. Ceux qui acceptaient le Sabbat devaient recevoir le "Sceau de Dieu", et être sauvés. Ceux des adventistes qui rejetaient le Sabbat devaient rejoindre les églises dominicales tenantes du dimanche, et recevoir la "Marque de la Bête". Les enseignements de Bates sur le Sceau de Dieu et la Marque de la Bête, constitueront par la suite, le fondement de la doctrine Adventiste du Septième Jour, relative aux évènements de la fin des temps.

Bates et la fin du monde

Tandis que la plupart des observateurs sincères disaient qu'il n'y avait pas de preuve de fin du monde, Bates lui, trouvait des preuves partout. Nous devons nous souvenir que Bates supposait le livre de l'Apocalypse en grande partie, pleinement accomplie à son époque. Donc, Bates tentait de faire coïncider les évènements courants à certains passages des prophéties de la Bible. Ses efforts révèlent à quel point sa compréhension des prophéties bibliques, était vraiment défectueuse. En chaque incendie, en chaque orage, il voyait un nouveau signe du plein accomplissement de la fin :

Ici j'ai devant moi, une brochure de 83 pages intitulée "La voix de Dieu"; c'est un rapport sans précédent d'incendies, ouragans, inondations, et séismes, débutés en 1845, aussi épidémies, famines, et crimes -compilé par Thomas M. Preble. Depuis que ce travail est paru au début de cette année, les périodiques des pays étrangers et ceux de notre heureuse et fière République, montrent que ces calamités parmi les hommes, sont encore en augmentation pour atteindre des dimensions effrayantes. Les habitants de beaucoup de nations sont à court de moyens. Ibid., p. 89.

Bates prévenait que le troisième malheur d'Apocalypse était tombé sur le monde :

... et dites-moi si vous le pouvez, ce que tous ces désastres signifient, si ce n'est pas le troisième malheur qui gronde parmi les nations de la terre, et qui se hâte vivement pour préparer précisément "un temps de trouble tel qu'il n'y en a jamais eu depuis que les nations existent". Ibid., p. 91.

Bates avertit d'incendies...

Au total les pertes par incendies ces deux dernières années, s'élèvent à environ 65 millions de dollars, environ 45 millions dans cette région.
En 1845, environ 31 millions de dollars de biens furent détruits dans quelque chose comme 38 villes et cités. Dans la majorité des cas, le cœur ou le quartier d'affaires furent détruits ; en outre la multitude de petits incendies pour vingt cinq mille dollars, et aussi des milliers d'acres de forêt, probablement élevant la somme pour un montant d'environ quarante millions de dollars, et selon de nombreux rapports, dans une majorité de cas, ils échappent au contrôle de l'homme. Ibid., pp. 91,92.

...et d'inondations...

Mer et flots mugissants - Les énormes tempêtes et orages de 1845, et nombreux en 1846, n'ont certainement pas été surpassés dans le passé ... Déluges et inondations en 1845-46 – Depuis les jours de Noé, je crois que n'avons pas eu de tels records. Ibid., p. 92.

...et bien sûr, de tremblements de terre...

Tremblements de terre. – Je ne cesserai pas ici de les dénombrer. Le Scientific American en a enregistré plus de cinquante en 1846. Ibid., p. 93.

...et épidémies...

Epidémie. - Le choléra asiatique, une redoutable épidémie, un messager de Dieu volant avec une épée nue dans sa main... Ibid.

Comme pour les famines, Bates cite le livre apocryphe d'Esdras, qu'il croyait apparemment inspiré...

Esdras dit, "les semences seront perdues par le vent et la grêle". Le même prophète dit : "les provisions seront bon marché (elles l'ont été), et soudain les lieux semés apparaîtront déserts, (les semences pourriront dans la terre) tous les magasins brusquement, se trouveront vides." Voici l'accomplissement : des centaines de centaines de nos navires quittent en permanence nos rivages, chargés de provisions des magasins, pour combattre la famine en Europe. Si les récits au sujet de la famine sont vrais, ils se poursuivront jusqu'à ce que nos magasins soient vides. Ce n'est ni une illusion ni une fable, mais de l'Histoire, et la parole du Seigneur notre Dieu. La prophétie d'Esdras commence de pénétrer et de brûler comme un feu. Ibid., p. 122

Après lecture de ces "accomplissements" de la prophétie, il devint rapidement évident que Bates se débattait en sortant des Ecritures, essayant de construire un "carré de piquets" des évènements courants, ajustés "pile poil" à la prophétie. Il devint rapidement évident que sa compréhension prophétique était davantage basée sur ses croyances personnelles, plutôt que sur les faits. Par ailleurs, cela soulève la question de la doctrine prophétique de Bates en entier. Voici donc quelques autres enseignements hétérodoxes de Bates sur la prophétie :

Bates prétendait que le message du troisième ange s'était achevé avec la chute de 1844 :

Je vous demande de regarder en arrière, en l'été et à la chute de 1844, où vous voyez l'accomplissement de ce message du troisième ange, de la plus frappante et merveilleuse manière, dans presque chaque ville et cité de toute la Nouvelle Angleterre. Ibid., p. 69.

Pour répondre à la question : pourquoi le mouvement de 1844 [message du 3e ange] était essentiellement limité aux Etats-Unis, au lieu du monde entier, Bates rétorque que seul le message du premier ange a parcouru tout le monde :

Si vous regardez encore le chapitre 14, vous verrez que seul le premier ange délivre son message à toute nation, tribu, langue et peuple. Ibid., p. 69.

Bates prétendait que Christ avait reçu sa royauté en 1844 :

Ici donc est la preuve effective confirmant que Christ a reçu sa domination et gloire et royaume, ou comme dans la parabole des dix vierges, l'époux est venu au mariage au son de la septième trompette, et après le message du troisième ange, et avant que six des sept plaies ne soient déversées. Ibid., p. 103,104.

Le plus stupéfiant est que Bates prétendit que le Sabbat pouvait ne pas être observé avant 1844 ...

Le lecteur dit : pourquoi le peuple "ne garde t-il pas les commandements de Dieu" comme dans le texte, avant la chute de 1844 ? Parce que le message n'avait pas été présenté, ni ne pouvait l'être jusqu'au message du troisième ange (v. 9 à 11) qui fit cette séparation, car ils ne pouvaient garder le quatrième commandement, le Sabbat du septième jour, tandis qu'ils étaient unis aux églises institutionnelles, (Babylone) d'où la séparation. Ibid., p. 114.

L'interprétation de Bates des messages des trois anges (Apo.14) le force à conclure que ceux qui gardent les commandements de Dieu, n'existaient avant 1844. Cette conclusion ironique ignore le fait que Bates lui-même connut le Sabbat des Baptistes du Septième Jour, un groupe important de chrétiens observateurs du Sabbat qui présentait le "message" du Sabbat aux chrétiens observateurs du dimanche, depuis plus de 100 ans !

Joseph Bates : Pouvez-vous faire confiance à la compréhension prophétique de cet homme ?

Passons en revue ce que nous savons de Joseph Bates et des prophéties bibliques :

  1. Il prétendit que les 7 gouttes de sang sur le propitiatoire en Lév.16:14 indiquaient que les Adventistes traverseraient 7 ans de fidélité sur la vérité du Sabbat. Puis à la fin de ces 7 ans, en 1851, Christ pouvait revenir et prendre de chez eux, ceux qui avaient le Sceau de Dieu (observation du Sabbat).
  2. Les désastres survenus à la fin des années 1840, étaient des signes de l'imminence de la fin du monde.
  3. La prédication du message de l'Evangile était achevée en 1844.

Un moule commença à émerger, fondé sur une erreur de calcul prophétique, gâché, déformé, et faux. C'est le raisonnement d'un homme qui s'abusait lui-même à propos du retour du Christ et de la signification de la prophétie biblique. L'ultime exemple de l'illusion de Bates se trouve dans son affirmation que la proclamation du message de l'Evangile lui-même, était achevée en 1844 ! Cette seule citation devrait suffire à tout chrétien, pour prouver que cet homme n'était pas conduit par Dieu et Ses enseignements :

Maintenant, laissez cette porte fermée, et la proclamation de cet évangile n'aura plus d'effet. Nous ne disons que le simple fait ; la proclamation du message de l'Evangile a pris fin au temps fixé, au terme des 2300 ans ; presque tout croyant honnête et attentif aux signes des temps l'admettra.

Comment est-il possible de faire confiance à un homme qui développa une telle compréhension, si dénaturée et pervertie des prophéties de la Bible? Malgré cela, les enseignements de J. Bates sont devenus le fondement sur lequel une loi du dimanche pouvait plus tard se développer ! Les enseignements de Bates au sujet de Babylone, du Sabbat, du Sceau de Dieu, de la Marque de la Bête, et du reste, forment le cœur de la compréhension dans l'enseignement de l'adventisme moderne. Bien sûr, au fil des ans, les Adventistes ont rejeté quelques enseignements originaux de Bates, mais Bates posa le fondement de l'enseignement d'une loi nationale du dimanche, et plus tard les Adventistes ont construit sur ce fondement.

Naturellement, ces enseignements bizarres ont généré quelque résistance de la part des églises chrétiennes des années 1840. Cette résistance fut interprétée par les Adventistes observateurs du Sabbat, comme une persécution, et plus encore comme la preuve que les dénominations chrétiennes étaient tombées et perdues. Les théories de Bates étaient facilement mises en pièces par les érudits bibliques, toutefois les Adventistes observateurs du Sabbat gagnèrent quelques adhérents. Bates avait besoin d'aide pour garder à flot ses théories naufragées, et il trouva bientôt l'aide dont il avait besoin, en une jeune prophétesse dénommée Ellen White.

Bates trouve une amie

Qui était Ellen White? C'était une jeune femme de dix-neuf ans, partisane dévouée de William Miller. Elle avait de sérieux problèmes de santé consécutifs à une blessure au cerveau survenue dans son enfance. Plus tard, elle prétendit avoir reçu des visions de Dieu bien que beaucoup témoignèrent que ses visions leur semblaient être le produit de sa santé défaillante plus que de l'inspiration. Sœur White et sa famille étaient parmi les fanatiques qui furent expulsés de l'église Méthodiste en septembre de 1843, pour cause de troubles durant les services religieux :

La raison de leur renvoi n'était pas qu'ils proclamaient la seconde venue du Seigneur Jésus-Christ. Ceci est un élément de notre foi évangélique confirmé par les Articles de Foi de 1784. Leur renvoi a été motivé par leur refus de se discipliner en diffusant les vues de l'époque de William Miller… après beaucoup d'appels au calme, et de conseils à réfréner leur comportement perturbateur dans les réunions d'église, les membres de la "Chestnut Street Church" prirent ce qu'ils crurent être leur seul recours : renvoyer la Famille Harmon.

(Lettre adressée à Mr. Keith Moxon de la "Chesnut Street United Methodist Church" le 3 juin 1988, source extraite de Vérité ou Fables site web)

L'expulsion d'Ellen White de l'église Méthodiste, ainsi que les évènements subséquents, la conduisirent à croire les mêmes choses que croyait Bates, à savoir que les églises protestantes étaient Babylone. Madame White alors, n'a pas manqué l'occasion d'injurier les prédicateurs chrétiens qui s'étaient opposés à Miller :

Beaucoup de bergers du troupeau qui professaient aimer Jésus, disaient ne pas faire opposition à la proclamation de la venue de Christ, mais ils contestaient le temps défini. Dieu qui voit tout, lit dans leurs cœurs. Ils n'aimaient pas Jésus intimement. Ils savaient que leurs vies irréligieuses ne résisteraient pas à l'épreuve, qu'ils ne marchaient pas dans l'humble sentier tracé par Lui. (voir Premiers Ecrits, pp. 229-249.)

Il ne s'est pas passé beaucoup de temps avant qu'Ellen White et Joseph Bates s'unissent dans leur bataille contre les églises détestées, observatrices du dimanche. Bien que les preuves bibliques des enseignements de Bates fassent sévèrement défaut, le manque d'inspiration était bientôt suppléé par Ellen White qui commença à avoir des visions soutenant Bates dans sa compréhension insolite des évènements.

Vers 1850, Bates, Ellen White et son mari James White, réussirent à convaincre plusieurs centaines de partisans, que l'enseignement de Bates au sujet du Sabbat était le dernier message de Dieu au monde. Toutefois, le groupe abordait une période délicate en 1851, quand Christ n'apparut pas comme Bates l'avait promis. Comme la date approchait et qu'il devenait de plus en plus évident que Christ ne viendrait pas, les Whites commencèrent à prendre de la distance vis à vis de Bates. Quand 1851 passa sans évènement, Bates et les Whites souffrirent une humiliante défaite ; les Adventistes commencèrent à se retourner contre Bates et les Whites. Ils se demandaient comment un prophète de Dieu pouvait ne pas prédire que Bates se trompait, au sujet de la date avancée de 1851. Les Whites en déçurent tant, que beaucoup de leurs partisans se retournèrent contre eux, et qu'ils décidèrent de prendre de la distance avec Bates, et ils allèrent dans le Middle-West où ils n'étaient pas si bien connus.

Tandis qu'ils abandonnaient les enseignements de Bates au sujet de la période de mise à l'épreuve de 7 ans, ils continuèrent de prêcher que le Sabbat était le test final pour le genre humain. Madame White écrivait :

La lumière du Sabbat a été vue, et le peuple de Dieu a été éprouvé comme le furent anciennement les enfants d'Israël, pour voir s'ils garderaient la Loi de Dieu. (Early Writings, p. 254)

Ils parvinrent à rassembler un petit groupe de partisans, et à former l'église Adventiste du Septième Jour en 1863.

Les Adventistes du Septième Jour ont vite acquis une réputation parmi les autres chrétiens. Ils furent reconnus pour leurs efforts à recruter des membres des autres dénominations chrétiennes. Ils furent aussi connus pour leur référence au Catholicisme comme Babylone, et des Protestants en tant que Protestantisme Apostat. Les Whites étaient encore convaincus que les autres églises étaient apostates, parce qu'elles avaient rejeté le mouvement fanatique du temps de Miller. Inutile de dire que l'hostilité des Adventistes envers les autres dénominations chrétiennes engendra beaucoup d'animosité entre les divers groupes. Ellen White la décrit avec mécontentement comme la "chute" des dénominations chrétiennes :

J'ai vu que les églises de nom étaient tombées, que la froideur et la mort régnaient en leur sein. (Early Writings, p. 116)

Les péchés des églises populaires sont camouflés. Beaucoup des membres s'adonnent aux vices les plus grossiers, et baignent dans l'iniquité. Babylone est tombée et est devenue la cage de tout oiseau odieux et impur ! Les péchés les plus dégoûtants des âges trouvent refuge au-dessous du manteau du christianisme. (Testimonies, vol. 4, p.13)

Ellen White et son ange étaient si contrariés par les chrétiens tenants du Dimanche, qu'ils étaient prêts à déverser la colère de Dieu sur eux :

J'ai vu que depuis la sortie de Jésus du Lieu saint du sanctuaire céleste, et son entrée au-delà du second voile, les églises se sont remplies d'oiseaux (individus) malpropres et détestables. J'ai vu une grande iniquité et bassesse dans les églises, malgré que leurs membres confessaient être chrétiens. Leur profession de foi, leurs prières et leurs exhortations sont une abomination à la vue de Dieu. L'ange a dit : "Dieu ne sentira pas leurs assemblées. Ils pratiquent égoïsme, fraude et tromperie sans qu'ils soient réprouvés dans leur conscience. Et par-dessus le marché ils se parent du manteau de la religion". Il m'a été montré l'orgueil des églises de nom; Dieu n'est pas dans leur pensée; leur pensée charnelle reste attachée à eux-mêmes; ils ornent leurs pauvres corps mortels, et se regardent avec satisfaction et plaisir. Jésus et les anges les regardent avec colère. L'ange a dit : "Leurs péchés et orgueil sont montés jusqu'aux cieux ; leur part est prête. Justice et jugement sommeillent depuis longtemps, mais ils ne tarderont pas à se manifester. Vengeance est Mienne, Je rétribuerai dit le Seigneur". Les menaces effrayantes du troisième ange vont se réaliser, et tous les méchants vont boire la colère de Dieu. Une armée innombrable de mauvais anges se répand sur la terre entière et une foule d'églises. Ces agents de Satan contemplent les corps religieux avec exultation, car le manteau de la religion couvre le plus grand crime et la plus grande iniquité. (Premiers Ecrits, p. 274)

Dans l'esprit d'Ellen White, les églises chrétiennes non-adventistes étaient remplies de péchés. Dans son esprit, les pires ennemis n'étaient pas les athées, les païens ou les infidèles : non, les pires ennemis étaient les chrétiens observant le dimanche !

Ellen White invente l'enseignement de la Loi Nationale du Dimanche

Au milieu des années1800, il y eut une série d'incidents où des Adventistes du Septième Jour eurent des ennuis avec la Loi parce qu'ils travaillaient le Dimanche. Dans beaucoup des Etats, ils étaient "contrevenants aux lois" qui interdisaient de travailler le Dimanche. C'est en référence à cette expérience de "persécution" par l'Etat, que la prophétesse Ellen White décrit dans une série de livres et articles, la survenue d'une persécution des observateurs du Sabbat. Elle écrit :

Alors j'ai vu les meneurs d'hommes de la terre se consulter entre eux, et Satan et ses anges affairés autour d'eux. J'ai vu un écrit et des exemplaires diffusés en différentes parties de la terre, ordonnant aux saints d'abandonner leur foi particulière, de renoncer au Sabbat, et d'observer le premier jour de la semaine ; les gens étaient libres, après un certain temps, de les mettre à mort. (Early Writings, p. 282)


En 1884, elle introduit le fait qu'allait croître graduellement en sévérité, des lois renforçant l'observance du dimanche :

Dans le dernier conflit, le Sabbat sera le point spécial de la controverse dans toute la chrétienté. Les pouvoirs séculiers et les leaders religieux s'uniront pour renforcer l'observance du dimanche; et sous couvert de mesures anodines, les lois les plus répressives seront décrétées. Il sera urgent que le peu qui reste en opposition à une institution de l'église, et à une loi du pays, doive ne pas être toléré ; et un décret sera finalement publié les dénonçant comme méritant la plus sévère punition, et donnant liberté aux gens, après un certain temps, de les mettre à mort. (Spirit of Prophecy, vol. 4 p.444)


Vers la fin des années 1880, la fin apparaissait imminente aux Adventistes. La raison pour laquelle ils croyaient la fin imminente, était une loi examinée par le Congrès des Etats-Unis à la fin des années 1880, laquelle devait faire du dimanche, une fête reconnue au plan national. En 1886, Madame White avertit de la venue proche de la fin :

La fin de toutes choses est à portée de main. Le temps du trouble est sur le point de s'abattre sur le peuple de Dieu. A ce moment-là, le décret qui interdira à ceux qui gardent le Sabbat du Seigneur, d'acheter ou de vendre, les menacera d'amende, et même de mort, s'ils n'observent pas le premier jour de la semaine comme Sabbat. (Historical Sketches, p.156)


Mais l'imprévu se produisit ; la loi du dimanche fut repoussée par le Congrès. S'il est plus d'une raison qui motiva le rejet de la loi, il était apparent que certains au Congrès, sentaient que la loi violerait le principe de séparation entre l'église et l'Etat. En outre, si la loi était passée, elle aurait été invalidée par la Cour Suprême. Après cet évènement, le mouvement d’une loi du dimanche perdit vigueur, et détourna progressivement son attention vers d'autres thèmes. Au début du 20e siècle, il apparaissait peu probable qu'une loi du dimanche passerait, à aucun moment dans un futur proche. Maintenant, les Adventistes étaient vraiment embarrassés; ils avaient besoin de se justifier par une explication, savoir comment il était possible que puisse passer une loi du dimanche dans les circonstances présentes. La ‘prophétesse’ Ellen White avança finalement une explication en 1904 :

Quand le Sabbat deviendra le point spécial de la controverse dans la chrétienté, le refus persistant d'une petite minorité bravant la demande populaire, fera d'eux l'objet d'une exécration universelle. Il sera urgent que le peu qui résiste à une institution de l'église et à une loi de l'Etat, ne soit plus toléré, qu' il sera préférable de les voir souffrir, plutôt que voir toutes les nations jetées dans la confusion et l'anarchie. Cet argument apparaîtra décisif ; et contre ceux qui sanctifient le Sabbat du quatrième commandement, il sera finalement publié un décret, les dénonçant comme digne de la plus sévère sanction, et il sera donné liberté au peuple, après un certain temps, de les mettre à mort.
(Youth Instructor, (Moniteur de la Jeunesse) 7-12-1904)


Vers 1904, le scénario d'un mouvement organisé composé de leaders religieux poussant à une législation du dimanche à travers le Congrès, semblait irréaliste. Maintenant, une loi du dimanche apparaîtrait extrêmement improbable en des circonstances ordinaires ; il faudrait quelque évènement extérieur extraordinaire pour les déclencher. Ainsi, Ellen White imagine un nouveau scénario dans lequel les Etats-Unis sont confrontés à une soudaine et terrible crise. Si les Etats-Unis n'ordonnaient pas la liquidation des observateurs du Sabbat, ce serait une terrible catastrophe nationale. Durant cette crise honorifique, la loi du dimanche serait justifiée par les politiciens qui en circonstances normales, repousseraient la loi. Toutefois, en situation de crise, ils sont amenés à promulguer une loi du dimanche afin d'empêcher la nation tout entière de "basculer dans la confusion et l'anarchie".

Pour autant que ce soit sûrement un scénario innovant, Madame White ne donne aucune preuve biblique à l'appui de ce nouveau scénario, ni qu'elle explique comment le massacre des observateurs du Sabbat, n'entraînerait pas la nation dans la confusion et l'anarchie.

En 1904, Madame White disait que seule la "chrétienté" passerait des lois du dimanche ; mais vers 1911, elle changea une fois encore, avec un nouveau scénario, cette fois en incluant le monde entier. Madame White écrit dans ‘son livre culte’ de référence, La Tragédie des Siècles publié en 1911 :

Les puissances de la terre, unies pour combattre les commandements de Dieu, décrèteront que "tous, à la fois petits et grands, riches et pauvres, libres et liés" (Apo13:16), devront se conformer aux coutumes de l'église par l'observance du faux Sabbat. Quiconque refusera de se soumettre sera sanctionné par des peines civiles, et sera finalement déclaré comme digne de mort. (p.604)

Cette Loi "universelle" du dimanche est expliquée plus loin dans le livre final de Mme White publié en 1917, un an après son décès :

De nos jours, beaucoup de serviteurs de Dieu bien qu'innocents de toute injustice, seront exposés à souffrir l'humiliation et l'abus, aux mains de ceux qui inspirés par Satan, sont remplis d'envie et de bigoterie religieuse. La colère des hommes se manifestera surtout contre ceux qui sanctifient le Sabbat du quatrième commandement; et finalement un décret universel les dénoncera comme dignes de mort. (Prophètes et Rois, p.512)


Ainsi nous trouvons la doctrine de la Loi du dimanche évoluant et changeant continuellement au fil des ans, reflétant les défis particuliers de cette génération. Après la mort de la prophétesse Ellen White en 1916, la position de l'église sur la Loi Nationale du dimanche a été gelée, et est restée relativement inchangée. Ceci est compréhensible, étant donné qu'il n'est personne d'aussi grand, avec une telle autorité prophétique dans l'église, pour modifier cet enseignement. Aujourd'hui, l'église adventiste continue d'enseigner la même doctrine que celle inculquée au début des années 1900.


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